
Glandouillons dans la joie
Léa avait posé son téléphone dans un tiroir depuis huit jours. Elle l’avait refermé d’un geste doux mais déterminé, comme on claque une porte sans bruit, pour ne pas déranger les oiseaux. Depuis, plus de notifications, plus de réunions surprises, plus de livraisons à suivre sur des cartes miniatures. Juste le silence, un silence un peu bourdonnant, plein de pensées enroulées comme des chats au soleil. Son appartement donnait sur une petite cour pavée où un arbre avait poussé sans autorisation. Elle avait déplacé une chaise longue en plastique turquoise, posée là comme un souvenir de vacances, pour s’y installer en fin de matinée, encore en pyjama. Elle s’était munie de son thermos de thé vert et d’un carnet sans lignes, sur lequel elle dessinait des spirales et des lapins qui pleurent. ...